Parlons peu, mais parlons vin

Le 6 décembre 2021
LE CHATUS : Une fierté cévenole et piémontaise
    Il est toujours passionnant d’évoquer, de valoriser et de mettre en évidence dans de nombreux domaines les particularités locales qui sont le « fleuron de notre territoire ».
    Notre village de Beaumont-lès-Valence est situé par bonheur et notamment à l’épicentre des vins de Côtes du Rhône qui s’inscrivent dans une riche diversité de qualité.
    Parmi les cépages de notre région, il en est un parmi tant d’autres qui mérite d’être mis en évidence, c’est le cépage du Chatus qui est connu depuis le XVIème siècle.
    Le Chatus n'est pas
que français: il est également planté dans le nord-ouest de l'Italie, dans le Piémont, où il est souvent assemblé avec d'autres cépages. Il y est appelé Pinerolese.
Il a été nommément cité en 1599 par Olivier de Serres dans son ouvrage « Le théâtre
d'agriculture et ménage des champs », il figure parmi 38 cépages significativement cultivés.
    C’est au cœur d’une nature accueillante et généreuse dans la région des coteaux ardéchois ou des Cévennes, que le cépage du Gamay l’a longtemps éclipsé jusque dans les années 1980.
    Son centre de culture historique se situe à Antraigues-sur-Volane et son extension sur le plateau d’Aubenas.
    Ce cépage a été cultivé dans d’autres secteurs, ce qui explique la présence de plusieurs synonymes : Chatelus, Houron à Saint-Péray, Charos dans l'Ardèche, Corbel dans la Drôme, Corbesse dans l'Isère, Vert ou Gros Cha(e)nu, Provareau ou Prouvereau, Persagne-Gamay, et Pinerolese,
Negro ou Nebbiolo di Dronero en Italie du nord (Piémont).
    Au XIXème siècle le Chatus est principalement cultivé sur les terroirs légers et gréseux de la bordure cévenole du Bas-Vivarais (d’Aubenas à Bessèges) où il constitue actuellement la majorité de l’encépagement.
    La crise du phylloxéra dans les années 1880 a détruit la quasi-totalité des vignobles.
    La reconstruction s’est faite avec des variétés mieux adaptées à la production des vins de table (Aramon, Cahors, Producteurs directs américains, Jacquez, autres hybrides).
    Le Chatus est exigeant : il faut le tailler en arcure : laisser de longs bois sur chaque cep et les attacher en arc de cercle sur le fil de fer, cela demande trois à quatre fois plus de main-d’œuvre que n’importe quelles autres vignes ; il est renommé pour son degré, sa couleur et son corps.
    Hélas, lorsqu’un nouveau répertoire des cépages français est réalisé en 1950, le Chatus n’est pas déclaré, pour l’administration, le cépage avait donc disparu.
    Mais c’est en 1980 que quelques viticulteurs de la Cave de Rosières décident de retrouver le vin de leurs ancêtres. Il faudra de nombreuses démarches pour que l’administration reconnaisse à nouveau le Chatus.
    Il s’agissait de réapprivoiser la culture du cépage et la vinification.
    Les vignerons de la cave coopérative « La Cévenole » à Rosières, ont entrepris un programme de sauvegarde puis de replantation de cette variété.
En 1989 : les vignerons coopérateurs engagent un programme expérimental de vinification et d’élevage en fût de chêne du Chatus.

En 1991 : première plantation à titre expérimental avec des greffons prélevés sur les 2 parcelles centenaires de Vernon, palissée avec des piquets de bois de 1 m 80 à 2 m sur fils releveurs. Il a été inséré au classement officiel de la Communauté Européenne le 31/12/1991.
En 1992 : demande auprès de "l’ONIVINS" du reclassement du cépage Chatus en cépage recommandé, obtenu en 1997 où la première cuvée a été commercialisée.
Depuis, chaque année, les vignobles sont plantés sur les coteaux ardéchois.

En 2000 : création du Syndicat de défense des producteurs de Chatus en Cévennes d’Ardèche, il délimite son aire de production sur les « faïsses »(1) cévenoles  avec un cahier des charges établi pour un rendement de 50 hl par hectare.
Voilà un rare cépage français dont on n'a pas l'habitude de consommer, loin de compter parmi les classiques avec seulement 50 hectares de plantés et un millier d'hectolitres produits chaque année.
Le Chatus reste un très beau cépage, qui mérite une attention particulière.
A vous de juger, pour moi c’est fait….et à consommer avec modération, votre avis nous intéresse.
                                                                                      

Notes œnologiques :
Au nez...selon l'expression des spécialistes, ce vin dégage des arômes de nèfle, de fruits mûrs, avec des notes de figues, cannelle ou de pruneaux à l’alcool.
On y trouve également des notes olfactives subtiles liées à son élevage en barriques, de tabac, café, vanille cannelle et poivre.
A la robe d'un rouge profond et d'une richesse tannique étonnante, ce cépage rare a la particularité de produire des cuvées d'exceptions (Châtaignier, Monnaie d'Or, domaine Grangeon, domaine du Chapitre, etc...).
C’est un vin de garde, avant de le déguster, il faut attendre au moins 3 ans et le mettre en carafe pendant environ une demi-journée.
De délicates attentions, de la reconnaissance et de la patience pourraient caractériser les exigences envers ce cépage..
. un peu comme pour une femme !
                                                                                         
RAPPEL: à consommer avec modération.
Qelques citations:
"Il y a plus de philosophie dans une bouteille de vin que dans tous les livres".
"Le vin est la plus saine et la plus hygiénique des boissons".
Pasteur

Avec humour !...
"Greffez de plants de rosiers sur des plants de vigne, ça fera du vin rosé naturel".
Pierre Dac

(1) BN-faïsse ou faysse ou faïs: nom occitan provençal de terrasse, probablement dérivé de l’occitan ‘fais’ signifiant fardeau ou travail pénible effectué manuellement ; l’établissement de terrasses était rendu nécessaire par le manque de terre cultivable dans la montagne.